Le mythe de l’infériorité
Une idée fixe ronge la conscience mâle, l’homme perd sa virilité, une angoisse de féminisation à mesure que la femme se masculinise. Féminisé, l’homme perd ses valeurs traditionnelles et tend à se déprécier. Ce n’est pas nouveau, le Siècle des Lumières a été une période de féminisation, les hommes perruqués et poudrés voient dans les femmes leur égal spirituel. Les historiens targuent cette période de décadence, une confusion des genres, l’annihilation d’un monde. Les croyances s’amassent, la vie se déploie, l’homme aboie, l’histoire passe.
Il ne vient à l’idée de personne de prétendre que le Moyen-âge est une époque de chiffes molles. Leur réputation est d’être de sacrés gaillards, un tantinet bagarreurs, se plaisant à guerroyer pour ramener en morceaux affriandants têtes, mains et autres parties vitales de l’ennemi. Une brutalité apparente. Les images de ces rustres montrent des hommes à visage féminin et corps d’adolescents, la femme est à l’honneur avec des droits et un respect que l’homme oublie au moment de sa Renaissance. Bobonne à la maison et à l’église, mari à la guerre et au tripot, enfant en nourrice. Les femmes passent leurs jours à dentelliser l’existence, leurs nuits à la découdre, un monde figé.
C’est une femme déconsidérée qu’on a laissée dans les salles d’attente de l’histoire. L’homme n’a pas fait l’histoire, il l’a écrite. Ce ne sont pas les acteurs qui l’ont rédigée, des historiens ne connaissant pas les cachoteries des alcôves, là où l’histoire se fait. Ceux qui agissent expliquent rarement leurs actes, s’ils le font, c’est à leur profit. Le rôle historique des femmes a été mis entre parenthèses. L’histoire ne donne raison à personne, c’est son interprétation qui distribue les rôles. Entichée d’une posture, elle colle à la peau, on finit par s’y fondre. Si la femme n’avait pas accompagné les efforts de l’homme, ils seraient restés vains.
L’homme et la femme se fabriquent mutuellement, mais torturé par ses problèmes de virilité, il ne prend pas le temps de la voir, il projette ses failles. Elle se tait. Il remplit ses silences de ses angoisses. L’esbroufe est supérieure au mutisme. Elle s’est laissée faire, elle n’en a pas mesuré le contrecoup. La femme désœuvrée sans le soutien de l’homme, l’image qu’elle a laissé courir. Au lieu de dialoguer, elle l’a laissé parler, sans le contredire. L’homme s’est engouffré par la porte de la calomnie sans voir le piège se refermant sur lui. En rabaissant la femme, l’homme s’est infériorisé.
C’est en face de ces gens qui nous voient inférieures qu’on ressent ce besoin d’être supérieures. Une réaction en chaîne, un sentiment immesurable, comme le haut et le bas, une gravitation aplatissante. Une toile d’araignée engluée de convictions tissées par un adversaire déstabilisant chaque parcelle d’un ennemi qu’il veut voir à terre. Dans le monde des araignées, le mâle n’est pas celui qu’on croit, le malingre accroché au bout de son sexe, comme dans le monde des humains, en plus petit. Il adore mesurer la taille de l’engin qu’il utilise, ça le rassure.
Deux extrêmes, personne ne s’entend mieux qu’un inférieur et un supérieur, faits l’un pour l’autre, un couple impérissable. Deux supérieurs se font la guerre, deux inférieurs se jalousent, un inférieur s’amourache d’un supérieur, le supérieur attend tout de son inférieur, un cycle sans fin. Le réalisme du perdant qui tend l’autre joue avant même qu’on ne le lui demande. Le sentiment d’être une victime colle à la personnalité, une logique implacable.
Hausser les épaules, un dédain qui abaisse la tête. La tête se place sous les épaules quand elle a la manie de se vouloir au-dessus. La supériorité est un mille-feuille intercalé de prétentions que l’on place et déplace selon la convenance du moment. Des échanges de bons procédés, des chassés-croisés de justifications. Une jonglerie, un jeu de mains dans lequel la dernière se donne le beau rôle. Les formes de la supériorité sont celles de l’infériorité, la tête en bas, absolue réciprocité.
La femme inférieure, le prix à payer, l’homme, censé céder aux exigences féminines en partageant ses tâches, s’infériorise. L’infériorité est contagieuse, une épidémie, elle contamine ce qu’elle effleure. La féminisation de la société implique sa déchéance, thème persistant depuis la période de l’après-guerre dont le phénomène est apparu aux États-Unis. Féminisation du mâle et disparition des sexes montrent combien l’homme est stupide de la chance qu’il a d’avoir une femme qui ne soit pas un pantin. La peur de perdre sa virilité est si forte que le refoulement est violent, le soubresaut de se savoir hors d’atteinte d’une infériorité dont on a besoin.
Le mythe n’est pas nouveau. Un leitmotiv de la littérature masculine durant les périodes de paix où l’homme n’est pas contraint de s’harnacher d’une masculinité outrancière. Décadence se conjugue avec féminisation. On imagine dans ce mythe un homme et une femme occupant une place unique, non interchangeable. L’homme et la femme seraient rivés à un rôle impossible à enfreindre sous peine de perdre leur identité. La supériorité, affrontement épuisant, est un handicap, il faut la justifier, surtout quand elle ne l’est pas. La société gagnant en complexité, il est normal que ces rôles aient eu tendance à se rapprocher et s’assimiler les uns aux autres. Une dichotomie abusive.
La hiérarchie, une croyance tenace en un monde plat, arbitraire, un consensus qui arrange, le besoin d’avoir une place dans un monde qui n’en offre aucune. La force de la petite bourgeoisie écrasée sous son poids, utiliser les qualités de la femme pour grimper sur les épaules des géants. Ça marche. Casser la dichotomie, créer des ponts, se rapprocher de la féminité, un levier colossal qui a ébranlé le monde. Le monde immobile de la subordination, une branloire, plus le monde tremble, plus il a besoin de se croire en sécurité, une énergie qui s’épuise, une armée en marche sur une banquise à la dérive. Une porte ouverte est supérieure à une porte fermée quand on veut sortir, une porte fermée, quand on reste chez soi, une opportunité, tout est supérieur à tout.
La puissance, un mouvement qui va son chemin. L’impuissance, un arrêt, aveugle de ce qui avance, une attente, ce que l’on voit a raison sur ce que l’on ne voit pas, l’essence d’une supériorité, un stop, une incapacité, quelqu’un gesticule, crie, colère, un attroupement, il lui suffit de faire le faraud, le voilà devenu chef, un supérieur, une condition, qu’il reste à notre portée pour lui jeter notre mépris. La supériorité est une entente, le fantasme d’un univers où rien ne change. Le temps n’est pas une supériorité sur la jeunesse immature, c’est une usure.
Tous, aussi libéraux soient-ils, s’ingénient à singer des signes extérieurs de virilité pour compenser l’infamie d’avoir l’air d’une fille. On nous présente la brutalité comme une supériorité, l’intelligence, le raffinement et la subtilité comme une infériorité. L’être enfouit ses errements sous un fatras d’autorité. Éructante, l’infériorité se tend, la supériorité se détend. La peur est grossissante, tout lui semble supérieur. Qui n’a jamais pensé que la beauté est supérieure à la laideur, l’intelligence à la sottise, l’amour à la haine, la victoire à la défaite, l’homme à la femme ? La femme belle, intelligente, aimante et triomphante, un être inférieur ? Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de la supériorité.
La féminisation du français commence durant la guerre de 1870 où le soldat prend une déculottée maison devant l’envahisseur prussien. L’impressionnisme marque un tournant dans les mentalités. Elle s’est confirmée avec la Première Guerre mondiale puis la Deuxième où non seulement le soldat a été broyé par les chars nazis, mais a choisi la collaboration au lieu d’entrer en résistance, le courage d’une petite minorité comprenant par ailleurs beaucoup de femmes. La collaboration plagie la virilité des autres, la résistance crée sa force.
Quand on a raté ses rendez-vous avec l’histoire, quoi de plus simple que d’en accuser les femmes ? Le grand vainqueur du XXè siècle, les États-Unis, un pays où la femme a acquis ses droits légitimes beaucoup plus tôt qu’en Europe, à peu près au moment où il devient une puissance. En Europe décadente, les femmes peinent à voir leurs droits respectés. Cet homme absent est-il la conséquence d’une femme qu’on cache ? Certes la République est jeune, mais on compte plus de régentes que de présidentes, un manque de confiance ? Qui connait les maîtresses influentes des présidents, un monde où la femme n’a pas sa place ? Ce n’est pas la femme qui est en prison, c’est l’homme, il a mis du temps à comprendre que la liberté de l’un ne va pas sans celle de l’autre. Le carcan visible de la femme masque celui, invisible, de l’homme.
L’infériorité, une image rassurante. L’histoire humaine approximative est une tentative de définir ce que nous sommes. La féminité n’a jamais existé que dans la tête des hommes. La véritable, celle que vit la femme, est si multiple qu’aucun mot ne peut en rendre compte. C’est aussi vrai pour la masculinité même si son infantilisme l’installe dans une parade plus que dans une réalité. Arrêtons de fourrer dans les mots ce que nous voulons y trouver. À force de copier, nous devenons les porte-parole de ceux auxquels nous voulons ressembler, pire de ceux que nous voulons haïr. On invente le supérieur par qui tout ce que nous échouons s’explique. Un bouc émissaire.
Deux hommes, un grand et fort et un petit à l’apparence faible, lequel va dominer l’autre ? Il y a fort à parier que le plus petit prend de l’ascendant sur le plus grand qu’il utilise à son profit. Bonaparte est chétif, il domine l’Europe. La force physique n’a jamais rien asservi si ce n’est dans les cas extrêmes de bestialité. Ceux qui survivent et ceux qui commandent sont les plus malins. Si la femme n’a pas réagi, c’est qu’elle ne s’est pas sentie dans une situation d’infériorité. C’est notre vision actuelle qui la place dans cette position dégradante.
Infériorité physique : la femme physiquement faible est la première chose qui vient à l’esprit quand on la décrit. Sa faiblesse supposée la met hors jeu dans toute espèce de combat dont elle ne peut que s’effrayer. Rien n’est moins vrai. Attiser le feu est plus délicat que d’en poser les bûches. En Europe, les femmes sont écartées des travaux difficiles, en Asie, elles ne le sont pas. On voit des femmes occupées aux mêmes tâches que les hommes, déménageuse, piocheuse ou combattante. L’homme n’est pas si fort qu’il veut bien le dire. Un problème de personnalité.
Infériorité mentale : la femme n’utilise pas la raison pour se justifier, un homme a besoin de le faire. Capricieuse, hystérique, peureuse, émotive, frivole, coquette, soumise, trompeuse, elle est incapable de raisonner. Tout ce qui échappe à l’homme est projeté sur elle qui doit assumer les faiblesses de l’être humain comme si elle était le réceptacle de tout ce qui est mauvais en ce monde. Pour assumer ce dont l’homme est incapable, il faut qu’elle possède une force psychologique supérieure. Si la femme est intelligente, cette intelligence est facilement détournée vers le mal ou quelque chose de négatif, une infériorité raisonnable. Cette femme si faible paraît effrayante.
Infériorité artistique : toute l’énergie de la femme étant vouée à la maternité, il ne lui en reste plus pour faire autre chose. Distraite par les contingences de sa réalité physiologique, elle ne peut se concentrer sur une création. En réalité, très peu d’hommes ont une capacité créatrice. Cette femme qui a le pouvoir d’enfanter a le contre-pouvoir de tuer. Cette créativité absolue est censée annihiler toute autre créativité.
Infériorité agressive : la femme n’ose pas dépasser des limites qui ont été fixées par d’autres. Un manque d’agressivité, non qu’elle en soit incapable, pour elle, l’expression agressive est un conflit inutile quand on peut résoudre les problèmes autrement. Elle s’engage dans le conflit comme dernier recours, pas comme premier. Elle évite ce qui est vain. Elle se met en colère, peut faire preuve de méchanceté, voire de haine, mais il lui manque une stratégie que l’homme, parfois, manie avec dextérité.
Infériorité du rire : la femme prend tout au sérieux, un rire nerveux, elle ne prend pas suffisamment de distance, sa vie est un drame. La vie masculine est une tragédie virant sans cesse au comique. Une dérision que la femme ne sait pas manipuler. Incapacité à rebondir, à s’emparer d’un rebord pour en faire un point d’appui qu’on abandonne une fois l’élan prit. Elle s’agrippe à la rambarde pour ne pas s’envoler. Certains beaux esprits parlent d’une femme comme d’une porte de prison, une lamentation qu’il convient de camoufler sous un copieux maquillage.
Il fourbit ses membres en vue d’un combat. Elle manie son corps de mille grâces pour trouver la paix. Se sentant supérieur à tout, il fait des dénis à tout va pour affirmer une supériorité qu’il doit assidûment prouver. S’enfermant dans un sentiment d’infériorité, elle ose à peine en sourire. Le rire lui paraît interdit. Elle se terre dans le romantisme d’un monde dramatique. Il bande ses muscles et son intelligence, elle se cache derrière des atours plus superficiels les uns que les autres. Il ose tout, elle n’en finit pas de ne pas oser. Il remonte triomphal une avenue. Elle se perd dans son labyrinthe.
Deux repères dans le déambulatoire de l’invisibilité. Bonheur de passivité, d’irresponsabilité, d’innocence, jouissance d’être coupable et envié, un balancier, rester accessible, besoin de supériorité, rester lié aux autres, besoin d’infériorité, la faute au supérieur ! Deux extrêmes d’une même réalité, deux extrêmes pour une même personnalité. Ce n’est pas un supérieur qui fait un inférieur, ni un inférieur, un supérieur, c’est une moyenne.
Le premier pas, celui d’un conquérant, le deuxième, celui d’un suivant, qui est le premier, le deuxième ? Peut-être ne sommes-nous que des troisièmes, des moyens termes ? Besoin de fuir le médiocre, un amas d’individus dont on perçoit la masse, pas l’individualité, un conglomérat de ce qu’il faut toisant ce qu’il ne faut pas. Dans la norme, si l’on ne se plie pas aux autres, on n’existe pas, on se copie, on se flatte, on passe inaperçu. La moyenne a cet avantage, elle décrète ce qui est inférieur ou supérieur, une singularité dans une direction ou une autre. Les pôles positifs et négatifs d’une même énergie. L’égalité effrayante leur fait perdre leur singularité. C’est dans l’injuste qu’on cesse d’être invisibles. L’hypocrisie égalitaire.
L’infériorité partage avec la supériorité le bonheur d’être jugé, galvaudé, condamné et raillé. Pendant ce temps, la moyenne savonne la planche sur laquelle glissent les imprudents voulant sortir du moule tombant subrepticement dans la marmite de l’infériorité ou de la supériorité. Perdue dans des rêves de supériorité que l’infériorité ne connait pas, la moyenne fabrique l’inférieur qu’elle fait dorer pour le tartiner du beurre de sa pitié. Inférieur de supériorité, supérieur d’infériorité.
Le fort a besoin de moins d’agressivité que le faible pour assurer sa survie. Le faible prend le dessus en élaborant une stratégie, des actes appropriés. Encore faut-il qu’il en ait la volonté, la conscience d’une supériorité à laquelle il tend. L’homme se demande s’il est à la hauteur du bonheur auquel il a droit. La femme ne se pose pas de question, ce bonheur vient du tréfonds de son être. Cette supériorité de la femme sur l’homme est son handicap.
La supériorité qu’on ne possède pas a besoin d’être prouvée. Un paternalisme. L’expression lui importe plus que la nature de la supériorité. Un faible flagorne le peureux. La force est une lâcheté s’attaquant à ce qu’elle est sûre d’écraser. Persuader l’adversaire de son infériorité est une tactique vieille comme le monde. Rien n’est plus traitre qu’une supériorité. Pour vaincre, il faut désacraliser, patauger dans la boue dont on veut couvrir le honni. Nul ne se voit inférieur, il en vient à reconnaître la supériorité de l’autre, une supercherie. Une condition. On le voit dans ces agressions où plusieurs s’attaquent à un seul, une seule. La supériorité à laquelle tend le mâle l’amène à assurer ses arrières par la traîtrise. Paradoxe, pour assurer son besoin de parade, il met au point une manœuvre lâche, inférioriser une victime. Dis-moi de qui tu es supérieur, je te dis de qui tu as peur.
On ne peut rien lui reprocher, belle, elle se tait, elle se fout de tout, la parfaite sur laquelle n’existe aucune prise. Anguille pour les autres et pour elle-même. L’infériorité hautaine et supérieure. L’échec de l’homme, ce n’est pas la femme, l’incapacité d’utiliser les qualités féminines. Un dialogue de sourds, une logique de muets, une réalité d’aveugles, un arrangement. Un règlement de comptes. Pour affirmer une supériorité, il faut se sentir inférieur, sinon à quoi bon ?
Masculin, féminin, un prétexte, une frontière évoluant sans cesse. L’infériorité se conjugue au féminin, une empreinte pour façonner les infériorités du monde occidental. Personne n’affirme l’infériorité de la femme, pas la peine, une ambiguïté, une peau de banane, il suffit de si peu. Soyons conscient, l’inconscient reste. Inférioriser un être, le placer en position de féminité, vice versa, quelque soit le genre. Un monde terrifiant où s’effondrent les valeurs, autant de bouées. L’instable crée l’instabilité. Besoin d’une valeur reconnue, ils s’agglutinent fanatiques autour d’un duce ou d’un führer, besoin de dominer un monde effrayant où l’on se sent écrasé. L’esprit ultra agressif méprise l’inférieur en lui.
Anatomie d’un inférieur. L’infériorité plie, la courbe du corps féminin. On se soumet à un monde mu par un ordre céleste en ne songeant qu’à lui plaire, la contrepartie d’une dignité. On se rue auprès du premier héros venu. On entre en séduction en pénétrant le narcissisme, l’impression que l’on devient majestueux sous prétexte que l’on s’attache à l’apparence de chacun de ses gestes, un cachot. Plus on se sent rabaissé, plus on se réfugie dans l’incohérence. Rien n’effraie plus qu’une cassure, on se lie à ce que l’on peut. Le supérieur exerce sa force dans le vide s’il en tire prestige. L’infériorité s’enferme dans son intimité. Cette intériorité qui nous enterre, l’essence de l’infériorité, un piège que seule l’illusion d’un supérieur semble déjouer. L’inutilité d’être soi, sentir ce potentiel se gaspiller. Le sang menstruel fait mal quand il paraît vain, un breuvage divin se perdant dans du coton.
Exigence, l’infériorité intériorise ce qu’elle refuse d’exprimer au lieu de le vivre. Elle imagine sa vie et celle des autres, une barrière qu’on s’interdit de franchir. Ce n’est pas la force physique qui handicape, c’est un retard à prendre des risques. Au moindre obstacle, elle se persuade qu’elle ne peut aller plus loin. Un tassement sur soi-même. Le supérieur gémit les aléas de sa virilité. Il survalorise pour ne pas immerger. Si elle n’avait été là pour le soutenir, il aurait été englouti par son désespoir. Elle résiste mieux. Un bras de fer ne fait pas la supériorité. Les gagnants ne sont pas les mêmes pour longtemps, un vaincu écrase un ancien gagnant. La guerre change la donne. Si les rapports entre l’homme et la femme n’ont pas varié pendant des siècles, c’est qu’il n’y a jamais eu de guerre entre eux. Elle a couvé la virilité dont elle est la tutrice.
Dans sa prétendue chute, l’homme ne s’est jamais autant élevé. Bas perché, l’homme n’est pas tombé haut. La supériorité grandit dans la peur d’une insoutenable infériorité. Cette difformité a engendré des millénaires de morts et de souffrances. Un sentiment. Elle engendre un complexe d’infériorité, lui, un complexe de supériorité pour une supériorité et une infériorité qu’ils ne méritent ni l’un ni l’autre. Pas complexe l’infériorité, simple et limpide, complexe la supériorité, elle ne sait comment s’y prendre. Restons dans l’adage, l’union fait la force, la supériorité de l’être, se rendre égal aux autres, le reste est infériorité.
Bravo pour ton article, qui est un vrai plaisir à lire.
Ton point de vue est intéressant et il a surtout un très grand mérite de faire réfléchir. Rien que pour ça, tu peux t’estimer heureuse d’avoir réussi avec un article et non pas avec un livre.
Après, avec mon vécu et mon point de vue d’homme, je ne vois pas vraiment les femmes comme tu le décris.
Etant moi-même pour une meilleure vision de la femme, que ce soit dans le domaine spirituel ou dans la société, je m’efforce quand même de rectifier les idées malades qui circulent dans les mythes fondateurs. Autant tenter de les guérir non ? Mais l’inconscient collectif dû aux très mauvaises interprétations qui perdurent depuis des milliers d’années n’arrangent pas les choses. La sélection naturelle faisant son boulot, même toi, tu aurais des choses à me reprocher avec mes arguments, car tu es aussi ancré dans la conformité.
Par exemple, si je te dis que pour moi, la femme a toujours les bras amputés (c’est une métaphore) même quand elle est célibataire. La seule chose qui lui permette d’agir et de réussir sa vie, c’est dans l’art de la beauté, du délire narcissique entretenu depuis des milliers et des milliers d’années. En ayant les bras amputés dès la naissance, elle ne peut qu’agir avec les jambes. Quand elle est mère, elle demande à son fils ses propres bras pour l’aider à la tâche. Que vas-tu répondre à ceci ? Que j’ai raison ? Que j’ai tort ? Dans les deux cas, j’ai à la fois raison et tort.
Elles ont de profondes névroses psychologique causé par l’homme, je suis tout à fait d’accord là-dessus. Entretenu dans l’inconscient de l’arbre généalogique. Sans parler des prénoms qu’elles ont, qui leur causent encore bien du tort et des conduites à suivre. Un prénom agit aussi comme un mantra non ? Tu as raison quand tu dis que tout est une histoire de conformité de la société, après tout, c’est la société la coupable de l’identitié et des névroses qu’elle engendre à l’individu. Une femme qui se prénomme Marie par exemple, aura inconsciemment ou non le très lourd poids du mythe judéo-Chrétien. Elle aura droit qu’à une chose, avoir un seul enfant et de ne plus avoir de rapport sexuel. Cela est très mal vu, à cause d’une très mauvaise interprétation du mythe, et si elle a la chance que l’enfant unique en question meurt à 33 ans alors là elle sera estimée. On pourrait aussi parler d’Eve, qui cause des dégâts MONSTRUEUX alors que sans elle, il n’y aurait pas eu de gloire divine, pas de prophètes, pas de Seigneur incarné (Jésus-Christ, Bouddha, Krishna… peu importe) car Eve est l’archétype de la Féminité Cosmique. Ce n’est pas rien. Je suis pour une Papesse au Vatican, je suis pour la femme au pouvoir, je n’ai pas peur de la partie féminine de moi-même. Bien au contraire, il faut qu’on la cultive, qu’on s’unisse à elle, que l’homme devienne l’androgyne, celui qui a de la douceur dans les émotions, qui a un intellect bien plus raffiné, qui aime le monde et j’en passe. Si un homme ne devient pas androgyne et si une femme ne le devient pas non plus, il ne faut pas s’étonner de la dualité inférieure/supérieure. En devenant androgyne, on devient un être humain supérieur et tout devient alors égal.
De toutes façons, si on regarde de plus près, les femmes ont une nature altruiste, les hommes ont une nature égoïste. De toutes façons, tout ceci est dû au conditionnement de l’intellect et de la mémoire. C’est aussi lui, qui cause énormément de dégâts que ce soit en bien ou en mal. En supprimant ces barrières discriminatoires dû à l’intellect, tout le monde devient plus sage non ?
Un livre que je te recommande, si tu ne l’as pas lu, c’est Le Principe de Lucifer d’Howard Bloom, il expose des choses sur la femme et le monde en général qui vont certes marqué le cerveau au fer rouge, mais qui permet d’élargir sa conscience et la vision du monde.
Merci de m’avoir lu, et j’espère qu’aussi, comme ton article, que mes quelques propos t’inciteront à la réflexion. Tu as le droit de ne pas être d’accord, et tu as le droit de l’être.
Le plus important c’est d’évaluer les points de vue ! 😉
A très vite,
Anthony
d’abord, merci beaucoup pour ce long commentaire que je trouve passionnant. j’apprécie ce que tu dis à propos des prénoms. je le crois aussi, un prénom comme un mantra, il y a sûrement du vrai là-dedans, même si je ne le sais pas vraiment. la fille s’appelant Marie se prend-elle vraiment pour la vierge ? en tout cas, une idée à approfondir. je ne crois pas beaucoup à la nature féminine ni masculine. je suis chinoise et en chine, ces notions n’ont pas les mêmes valeurs. il s’agit donc d’un conditionnement culturel, tout à fait d’accord avec toi. je reste persuadée qu’il y a plus de liens fusionnels entre les genres que de ruptures, sinon ce serait terrible, invivable je crois. hommes et femmes sont faits pour vivre ensemble et partager et quand ils ne le font plus, ce n’est pas nécessairement à cause d’eux, mais plutôt d’une société où ce que l’on consomme compte plus que ce que l’on est, il me semble ? ce que tu dis est très intéressant et mériterait de longues discussions. j’ai hâte de me procurer le livre dont tu me parles, dès que je l’ai lu, je t’en parlerai, amicalement
Merci de ta réponse. Je vais développer un peu plus quelques arguments que tu reprends. Quand tu me demandes si une jeune femme qui se prénome Marie se prend pour la Vierge ? Ce n’est pas dans ce sens qu’il faut voir le mantra de son prénom. Je ne sais pas dans la culture chinoise, mais en France, beaucoup d’adolescentes considèrent la virginité, le non rapport sexuel comme un respect absolu chez une vierge alors que elles-mêmes ne le sont plus. D’où provient cette idée ? Et ce n’est pas forcément une histoire de prénom.
Après cette petite parenthèse, revenons à une jeune fille où les parents décident de la prénomer Marie. Une telle fille, quand elle deviendra femme, ne se prendra pas pour la Vierge, mais aura le poids de la Vierge sur ses épaules. A travers l’éducation religieuse, à travers l’éducation parentale, nationale, et surtout avec toute la charge de l’inconscient psychologique que son arbre généalogique possède. Beaucoup d’individus dans les familles chrétienne vont éduquer une telle jeune fille avec leur propre interprétation du mythe, héritage de ce qu’ils ont reçu des parents, des grands-parents…on peut remonter très loin. Si un Texte Sacré est pris au premier degré sans en comprendre le sens, sans parler des valeurs de la société qui sont par-dessus, dans un tel inconscient d’une femme qui s’appelle Marie, elle aura un mari qui, cela arrive, se prénomera Joseph, et qui aura un enfant unique et qui à cause de l’éducation maternelle qu’elle aura reçu et son inconscient lui bouffera toute sa libido pendant qu’elle est enceinte. Une fois l’enfant mis au monde, elle devient plus ou moins frigide car l’enfant aura pris toute sa libido et que son inconscient applique de manière symbolique le mythe Judéo-Chrétien comme on l’a interprété depuis des siècles dans sa propre famille. Un inconscient est sans moral, il réalise ce qu’il a assimilé à travers la maladie, des névroses, de l’obésité, peu importe, tout provient de l’éducation. Ainsi, si une jeune femme qui s’appelle Marie n’a qu’un enfant et que l’inconscient de la mère fait en sorte que l’enfant à des spécifités qui font qu’il meurt à 33 ans (à cause de la synchronicité si cher à Jung), alors dans sa famille, elle sera non seulement une Marie qui a eu un enfant unique, mais qui en plus est mort comme le Christ à 33 ans. Dans sa famille, elle sera estimée comme celle qui a fait le « mythe » familial. Bien sûr, je généralise dans mon exemple, la réalité est d’une fascinante complexité, si tu rajoutes la Loi du Karma et la réincarnation. Dans certains de mes travaux, j’ai découvert par exemple, que l’ego sexuel de l’homme est à l’identique le comportement psychologique de la mère. Mais j’ai découvert ça que sur peu d’hommes, et je ne peux dire si l’ego sexuel d’une femme a le comportement psychologique de son père. On va garder ça dans l’ordre de l’hypothèse, mais j’ai raison c’est une découverte importante pour la psychologie de l’arbre généalogique, car on peut comprendre la « branche » de l’arbre qui va engendrer un fruit (l’enfant). C’est très complexe, j’espère que ça éclaircie un peu plus ce que je voulais te faire comprendre.
Bien sûr qu’il y a des liens fusionnels entre l’homme et la femme, comme je considère que le but de l’existence est de se découvrir et de redevenir Un. Mais c’est une histoire de croyance religieuse, et chaque société n’a pas la même culture. En vérité, qu’est-ce qu’une femme ? Qu’est-ce qu’un homme ? Comment on sait que l’on a affaire à un homme ou à une femme ? Après tout, les deux ont aussi un pénis, l’un est beaucoup plus long que chez l’autre, que l’on appelle clitoris.
On donne des étiquettes discrimanatoires sur quels critères ? Qu’un « je » voit un autre « je » de forme similaire avec des différences dans la forme? Un individu qui a une poitrine plus développé que moi, qui a un micropénis, une fente ouvert alors que moi j’ai une fente qui est fermé (les testicules), qui a des hanches plus larges que moi, des traits de courbes plus affiné que moi. Quel est ce genre d’individu qui me ressemble tellement, mais qui diffère de si peu ? Je vais lui donner l’étiquette femme. Cette idée, les étiquettes, est la base du racisme, de la discrimination et à cause d’accumulation générale des actions des « différents » que moi font, je détermine la base, le mythe fondateur d’une société, des valeurs etc. Le problème ce n’est pas l’esprit de l’individu, le problème c’est la « je » qui agit avec « l’objet animé » différent que lui en tant « qu’objet animé » diffère de ce qu’il connait. Les divisions intellectuelles, basé sur la mémoire et la connaissance depuis des siècles, nous amène à des critiques comme tu l’as fait dans ton papier. Il n’y a en soi, aucune différence entre une femme et un homme. Cela se base sur quoi ? Peu de différence d’un « objet » de matière animée similaire à moi. Et ça, ça relève que du ressort du subjectif d’un « je ». Malheureusement, toute cette mémoire cause tant de dégâts. La mémoire, l’ennemi absolu de l’homme ? Et comment ! Toutes les religions, à cause de l’ego, savent la nocivité que c’est. L’ego c’est Satan dans le mythe Judéo-Chrétien, encore faut-il que ceux qui lisent mon commentaire soient d’accord. Cela relève encore de la subjectivité et de ce qu’ils savent, donc de la mémoire. Retour à mon argument. Les religions recommandent la suppression de notre ego illusoire, fallacieux, qu’est pas notre véritable nature. L’ego est le piège sacré. Avoir peu d’ego, c’est être pauvre, c’est ce salut là que recommande le Christ, Bouddha, Krishna. C’est difficile à comprendre, et mes propos peuvent être pris pour du prosélytisme. C’est une histoire de croyance, et la croyance, qu’est-ce que d’autre que de la conviction à la fois intellectuelle et émotionnelle ? Toutes ces divisions intellectuelles, causé par l’ego localement est identique à l’ego national. Tu peux voir une société comme un ego. Ben vu comme les problèmes d’estime de soi qu’ils ont, nos chers pays, il faut créer un métier qui a de l’avenir : Le psychanalyste de Nation ! Cette idée, est clairement dit dans le Principe de Lucifer d’Howard Bloom, mais bien avant ce livre choc, un autre livre, tout aussi sacré, le dit également, et c’est le Tao To King de Lao Tseu qui recommande de comprendre le fondement de toutes les autres religions, qu’est le non-agir. Le non-agir, c’est la méthode qui supprime l’ego constitué de connaissance, d’activité (désir) et d’inertie et de toutes les étiquettes que l’on nous donne. Faut l’étudier dans son sens profond, c’est la clé qui libèrera les Nations, les idées malades, les inégalités etc. et redonnera la Paix dans le monde. C’est ce qu’il dit, et il a parfaitement raison.
Quoiqu’il en soit, il faut relier l’homme et la femme en les épurant de ce qu’ils ont de malsains, c’est ce que je tente de faire. Le résultat et le fruit du résultat ne dépend nullement de moi. Le plus important, c’est d’agir, le reste, ça dépend de l’individu, de ses tendances qui font la propre nature de son esprit. Tu retrouves cette idée dans la psychologie moderne, dans Freud ou Jung. C’est très complexe, compliqué mais quelle grandeur et beauté !
L’être humain est faussement rigide, il est une « poubelle » de bonnes et de mauvaises choses. Y voir que les similarités conduit à la pauvreté. Y voir que les différences conduit à la dictature. Y voir à la fois les similarités et les différences, c’est ce que l’on appelle la richesse. A mon avis, comprendre ceci, fera une richesse incroyable la relation homme/femme que je trouve à l’heure actuelle dans la société d’une profonde décadence, où le respect n’est plus.
Désolé, j’ai pas pu m’empêcher d’écrire un long discours. J’espère que cela te fera prendre conscience certaines choses, et comme je commence à te comprendre et à te cerner davantage, je suis confiant sur le simple fait que tu vas y méditer.
Merci de ta lecture, à très vite.
Amitiés,
Anthony.
merci pour ce long commentaire éclairant ta vision des choses. je ne me vois pas entrer dans ces questions. juste un point, je ne comprends pas pourquoi tu décris la femme comme un homme avec un « micropénis », deux organes, il me semble assez différents même si tous les deux « bandent ». mais bon. je ne suis pas sûre qu’il faille assimiler l’une à l’autre sous prétexte d’égalité, j’aime mon identité féminine que je sais différente de celle d’un homme. ça ne m’intéresse pas de devenir un homme. suis pas sûre du tout que ce soit ce que tu veux dire d’ailleurs. merci pour cette intéressante explication
Merci d’avoir répondu. Quand je parlais d’homme, je parlais en tant qu’espèce humaine, pas en tant que genre. Je me suis sans doute mal exprimé. De toutes façons, comme tu l’as si bien dit, c’est ma vision des choses, tout le monde est libre d’être d’accord et de ne pas l’être. Le plus important c’est que suives ta voie et que tu suives ton intuition. Quand je parle d’androgyne où une femme doit s’unir à son côté homme et qu’un homme doit s’unir à son côté femme, c’est clair que c’est valable que pour celui qui en ressent le besoin à travers ses convictions les plus profondes. De toutes façons, c’est pas moi qui vais changer le monde et encore bien moins l’Univers, mais je peux commencer à de tout petits niveaux. Je pense que c’est nécessaire pour que la conscience collective augmente, mais cela n’est que mon avis. Le plus important au final, c’est d’être soi-même et d’aller là où la vie veut qu’on aille non ? 😉
belle leçon de tolérance, c’est surtout cela que j’apprécie, je ne te cache pas que je méfie beaucoup des grandes théories sans pour autant nier leur valeur, ni leur utilité. cela dit, je trouve géniale que tu te plaises à faire des recherches sur tes idées, tu me sembles vouloir construire quelque chose qui t’appartienne et je t’en félicite
Merci c’est très gentil de ta part. Après je te dirai que j’expose MA théorie aux gens que j’estime très intelligent et raffiné (comme toi par exemple) mais il est clair que je suis très prudent et que je connais bien les ennemis internes qu’un individu possède. Oublier sa subjectivité quand on expose quelque chose est tellement orgueilleux, prétentieux et c’est bourré de mépris pour l’autre, et pour le tout. Comme le résultat de ce que j’expose ne dépend pas de moi mais de celui qui le reçoit, je ne peux prétendre affirmer de manière absolue que j’ai raison et que l’autre à tort. Il est formidable ce conseil de Bouddha : « La vérité est valable que si elle est utile ». Si dans mes propos cela t’a été utile, formidable ! Comme la vérité ne peut être que sur l’instant présent et qu’après elle peut devenir un mensonge…
Après je vais te dire que je ne cherche pas vraiment à construire quelque chose qui m’appartienne, ce que je tente de faire, c’est me rendre là où est le mal, l’étudier, l’analyser, comprendre son fonctionnement, son but, ses motivations. En me retrouvant avec des notes, et des schémas je tente de le vaincre à mon niveau personnel. Si j’ai réussi, il n’y a pas de raisons que quelqu’un d’autre n’y arrive pas ! C’est pour ça que tout ce que je sais, je le donne sans attachement à l’autre tant pis si l’autre me trouve pédant, prétentieux, orgueilleux, brillant ou le plus grand con que la Terre n’est jamais porté. Cela n’engage que lui et c’est son rapport entre son « je » et ce qu’il exprime envers et sur moi (et je ne lui en veux pas de toutes façons peu importe sa critique). Je suis bien conscient ce que cela peut provoquer. Je te l’ai dit, je connais bien les ennemis internes de l’individu (la conformité des acquis, la connaissance, la mémoire, l’intellect et ses divisions en se basant sur la conformité de ce que l’individu en a…). Mais aider les autres en s’oubliant soi-même pour leur bien-être, ça anoblit et ça élimine beaucoup d’impuretés en nous-même. C’est une idée créatrice dite dans les Ecritures Sacrés auquel j’adhère à 100% et c’est une des voies que j’ai choisi. Tout simplement. 😉
Amitiés.
Merci de m’avoir lu.
Chère Céline,
J’ai trouvé votre article comme d’habitude aussi riche dans ses idées qu’agréable, clair et spirituel dans son style….
Je voudrais juste vous poser ici une question que je me suis posée à moi-même à de maintes reprises sans jamais y trouver de réponse, en tout cas concluante:
POURQUOI? Oui, pourquoi cet état de fait que vous décrivez si bien (et je crains qu’au Moyen Age, ne serait-ce qu’ à en juger d’après les fabliaux, le lourd symbole des ceintures de chasteté etc etc…), la situation n’ait guère été meilleure pour les femmes,
pourquoi a-t-il duré si longtemps, depuis des millénaires semble-t-il, sinon depuis la nuit des temps, en tenant compte du fait qu’un matriarcat primitif est une thèse bien spéculative et s’appuyant sur peu de preuves,
pourquoi cette domination masculine dans les sociétés humaines semble-t-elle quasiment éternelle, se justifiant ici par des dogmes religieux, là par des idéologies diverses mais qui toutes s’appuient sur ce fameux mythe de l’infériorité féminine -la lecture de « l’Orestie » d’Eschyle est particulièrement pénible à ce propos avec son deux poids deux mesures, -et avec quelles doses de haine en prime!!-
pourquoi enfin cette dissymétrie et disons-le, cette monstrueuse injustice a-t-elle rencontré l’acceptation plus ou moins tacite de plus de la moitié de l’humanité concernée en l’occurrence?
Pourquoi les femmes ne se sont-elles pas révoltées et n’ont-elles presque jamais institué des valeurs et une culture qui ne reflètent pas une organisation humaine essentiellement patriarcale?
J’avoue que je suis déçu par ce qui me paraît au fil du temps de plus en plus comme une regrettable passivité, mais c’est là mon point de vue d’homme peut-être, qui considère tout en termes d’antagonismes et de rapports de force, le vôtre est, si cela se trouve, très différent?
Mais l’histoire non seulement des humains mais des êtres vivants a-t-elle jamais été autre chose qu’une lutte où les plus forts ont bien rarement témoigné de la pitié et du respect aux plus faibles, en supposant, je dis bien en supposant, que les femmes le soient?
vous soulevez un point crucial qui est au cœur de ce que j’essaye d’écrire. je ne suis pas historienne, je suis incapable d’entrer dans des détails que j’ignore. malgré tout, d’après mes lectures, la situation de la femme a évolué, elle n’a jamais été la même au cours des siècles. il y a des périodes où la femme a un statut tout à fait valorisant ne remettant aucunement en cause sa dignité, le moyen-âge exprime un réel respect pour la femme (la ceinture de chasteté est un cas très particulier), le Siècle des Lumières, etc., il y en a d’autres où la femme voit son statut dévalorisé, le XIXè siècle dans son ensemble. je simplifie bien sûr. je veux dire que c’est une erreur d’affirmer que la femme aurait toujours été en état d’infériorité, écrasée par un homme niant catégoriquement ses qualités. le statut de la femme reflète aussi celui de l’homme, on l’oublie trop souvent. un homme sentant sa virilité en péril se rabat sur la femme en l’écrasant de sa superbe, en revanche, un homme sain voit sa femme d’un œil tout différent et ne craint pas d’en faire son égal. je ne crois pas en une stratégie du rabaissement systématique de la femme. c’est selon moi le défaut du féminisme des années 70 faisant de l’homme un monstre de bêtise voulant écraser à tout prix sa femme. absurde, je trouve. en fait, je crois que cette notion d’infériorité est contemporaine. on aurait dit à une femme du XIIIè siècle qu’elle est un être inférieur, elle aurait sans doute ouvert ses grands yeux sans comprendre. il faut relativiser. une aristocrate est supérieure à une femme du peuple, voilà tout. je pense, mais je n’en suis pas sûre, qu’une femme ne possède pas autant d’agressivité qu’un homme, elle ne ressent pas le même besoin que lui que de se placer en avant dans une allure triomphante. de là à dire que cette femme apparemment en retrait n’occupe aucun rôle historique, il y a un gouffre. bon, j’arrête là, de toute façon j’en reparlerai notamment au niveau de la peinture où je prépare des monographies sur des femmes peintres. merci pour ce commentaire très motivant
Les exemples de femmes s’émancipant du pouvoir des hommes sont nombreux, mais il s’agit d’avantage d’une déviance, que de leur véritable nature. Il y eut des femmes philosophes, scientifiques, mathématiciennes, physiciennes ect …
Mais elles sont minoritaires à toute époque, non pas par le bon vouloir des hommes, puisque si nous explorons ce domaine (le sentiment d’infériorité, qui empêche l’émancipation) que dire par exemple du peuple juif, qui bien qu’opprimé, sans cesse rabaissé et pourchassé, engendra les plus grands génies de l’humanité. Que dire des esclaves érudits, des eunuques savants, des scientifiques du moyen-âge qui même sous la menace de l’inquisition, développèrent des idées remarquables.
Les grands esprits finissent toujours par se dévoiler, quel que soit leur statut défini par la majorité.
Mais ce n’est pas une question de supériorité ou d’infériorité, toutes nos idées et nos actes sont issus de nos émotions, de nos passions, de nos rêves. Ceux des hommes et des femmes divergent, voilà tout. Il suffit de regarder des enfants joués, lorsque la petite fille jouera à la dinette où avec des poupées (univers concret et réel) le garçon se plongera dans des jeux ou il se façonnera un univers beaucoup plus abstrait. Pourquoi la schizophrénie touche beaucoup plus les hommes que les femmes ? Tout simplement, car l’imagination (non pas l’intelligence) des hommes est nettement plus vaste, elle ne connait aucune limite et celle-ci est aussi bien l’origine de notre raison que de notre folie, de nos actes qu’ils soient bons ou mauvais.
quand on nait juif, la première chose qu’on apprend est qu’on appartient au peuple élu. quand on est esclave, on l’est par la force des baïonnettes, pas par sa volonté et l’on nourrit un sentiment intense de revanche. l’infériorité à mon avis n’est pas une réalité, mais un sentiment que l’on cultive en soi pour le placarder sur ceux que l’on n’aime pas. le sentiment d’infériorité appartient plus aux hommes qu’aux femmes qui se sentent à leur place et qui ne sont pas torturées à l’idée d’être inférieure. bien entendu, mon petit propos n’a pas d’autre but que d’être ironique.
dire que l’homme est plus imaginatif que la femme, ça reste à être prouvé. peut-on dire qu’Agatha Christie est moins imaginative que Conan Doyle, Marguerite Yourcenar que Sartre ou Sagan que Beigbeder ? Un homme sans imagination a-t-il plus d’imagination qu’une femme sans imagination ? La schizophrénie, l’impression d’un double, n’est pas toute la folie, elle est rarement à l’origine d’un génie littéraire ou autre, je crois ? il y a eu une époque pas si lointaine où l’on prétendait que la femme était plus facilement folle qu’un homme, on n’appelait jamais cette folie son génie, au contraire, on voyait là sa faiblesse évidente.
je ne suis pas convaincue qu’un homme rêve plus qu’une femme. je n’en sais rien, mais ça ne me parait pas évident. comment savoir ? c’est vrai qu’il existe un aspect matérialiste chez la femme que l’homme développe moins, mais je pense qu’il s’agit plus d’une question d’éducation que de réelle mentalité. quand une femme décrit un monde féérique, on la traite de folle, quand un homme fait la même chose, on le dit génial. je crois aux différences, je les aime, une femme et un homme sont différents et je pense que c’est mieux ainsi. de là à parler d’une infériorité, c’est justement ce que je cherche à dénoncer.
votre commentaire m’intéresse car il pose avec justesse certains vrais problèmes et je vous en remercie
Après tout, peut-être lorsqu’une femme se met à rêver, sans aller jusqu’à la traiter de folle, on ne lui fait tout simplement pas confiance, on se refuse à croire qu’une femme puisse laisser son esprit vagabonder. Le monde onirique, dans l’inconscient collectif est peut être réservé aux hommes et l’ont attendrait d’une femme qu’elle garde les pieds sur terre, pour établir un juste équilibre. Ce qui expliquerait pourquoi, J. K. Rowling la romancière qui a écrit la saga Harry Potter s’est vue refuser son ouvrage par une dizaine d’éditeurs et à du attendre sept ans avant d’être publié,
Il y a sans doute le facteur social qui rentre en ligne de compte. Une femme ayant la tête dans les nuages sera probablement laissée sur le bas-côté, considéré comme une marginale et une piètre mère potentielle. Bien sûr, le facteur biologique est également important, une femme se doit d’avoir les « idées claires » pour pouvoir éduquer correctement ses enfants. Les femmes, plus que les hommes ressentent ce besoin de procréer et de faire passer leur vie après celle de leurs enfants. Quelle place reste t’il aux rêves dans ce cas ?
La femme fera passé ses ambitions personnelles, ses envies et besoins en second, tandis que l’homme (peut être plus égoïste) peut en faire une priorité. Faut-il être égoïste, narcissique, égocentrique, pour être « supérieur » ? La plupart des hommes qui ont fait l’histoire répondent en tout cas à ces caractéristiques. Même Peter Pan, agis dans son monde imaginaire, en ne pensant qu’à lui même.
merci pour ce commentaire, je n’aurais pu dire mieux
Peut-être Simone de Beauvoir dans « Le deuxième sexe » nous propose -t-elle un historique de l’institution patriarcale qui implique la domination masculine dans la Société?
Il faudrait revoir cela, ma lecture de ce livre est déjà ancienne: car que s’est-il passé « au début »?
Quelle est l’origine de cette situation? Mais Simone de Beauvoir elle-même sait-elle ce qui s’est produit sans doute dans la nuit des temps?
Si je me souviens bien, Engels de son côté en propose un « scénario » plausible dans « L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat »…
Pourquoi les femmes ont-elles eu à « apprendre » -pour reprendre un mot que vous employez à propos des Juifs, Céline- qu’elles seraient inférieures aux hommes? Et par qui?
Et comme par hasard, dans les Sociétés où le pouvoir patriarcal à lâché un peu de lest, les talents féminins ont comme explosé, donnant lieu à des oeuvres magistrales n’ayant rien à envier à celles des créateurs masculins; ainsi les romancières en Grande Bretagne dès le XIXème siècle: Jane Austen, les soeurs Brontë, Elizabeth Gaskell, George Eliot, puis au XXème, Katherine Mansfield, Virginia Woolf, Elizabeth Bowen, Iris Murdoch etc…
Et différence n’est pas en effet synonyme d’inégalité.
Avec toute ma sympathie et mes encouragements pour la suite de vos passionnants exposés et réflexions, même si je ne suis pas très versé dans la… peinture!!
la parole de Simone de Beauvoir a libéré bien des consciences féminines percluses dans l’autoritarisme masculin. mais surtout, il ne faut pas inverser les rôles, c’est le danger dans lequel sont tombés les mouvements féministes extrêmes. si la femme possède une valeur, c’est par l’homme qu’elle l’acquiert et réciproquement. l’amour ne devrait pas être une romance pour midinette, mais le moyen de partager nos différences, de les vivre et de les utiliser comme point d’appui pour pour nous élever au-dessus de nos étroitesses, je crois. merci infiniment pour ce très intéressant commentaire et pour cet encouragement qui me va droit au cœur
Bravo pour cet article. Passionnant, qui va au fond des choses.
très heureuse que cela te plaise, merci beaucoup pour ton commentaire
Les machos sont les meilleurs amis des femmes. Et cela remonte à loin. Il n’y a que les militantes féministes, souvent lesbiennes, qui ne l’ont pas compris. On remarquera en passant, d’ailleurs, que les mouvements du genre « balance ton porc » ont surtout permis de mettre en lumière les comportements des hommes de pouvoir, des élites. Il ne reste plus à ces gens de pouvoir qu’à éviter d’avoir du personnel féminin;
Pour en revenir au sujet, les machos, les fiers à bras, les performeurs sexuels, les séducteurs adorent jouer les protecteurs, les chevaliers-servants, les scouts toujours prêts, les durs à cuire quel que soit la façon dont on les traite. Passés les quelques désagréments, tout cela est précieux pour les femmes. Elles n’ont plus qu’à solliciter la fierté masculine pour obtenir ce qu’elles veulent.
Quand les hommes auront compris cela, ils cesseront d’être bêtes et arrêteront leur posture dépassée.. Ils les laisseront s’assumer toutes seules.
Parce que là, ils perdent sur tous les tableaux : au niveau du couple, au niveau de la famille , au niveau de la société, au niveau d’eux-mêmes. ,
merci pour cet ingénieux commentaire
Je n’ai jamais lu quelque chose d’aussi beau et d’aussi juste. Une sorte de mode d’emploi pour apprendre à s’aimer, à se laisser être, se laisser aimer et surtout lâcher prise. Voir de la beauté là où on serait tentés de ne voir que de l’incompréhension, un mur, de la souffrance et un fossé entre homme et femme… Cet article exprime tant cette fusion, cette complétude, cet équilibre, illustre une danse et met des mots sur ce fauve indomptable que Mars représente pour Venus et vice-versa. Magnifique. Merci.
Merci beaucoup, c’est exactement ça, oui