Les mythes de la Gauche

La Gauche n’est pas si bien ancrée dans le peuple qu’elle le croit. Elle s’est éloignée des gens par une attitude dogmatique. Et c’est quand elle peine à se positionner face à la Droite qu’elle devient excessive. Les gauchistes ont un créneau de mécontents extrémistes n’ayant qu’une conscience lointaine de la réalité. Le gauchisme conteste, parle de changer les choses, mais reste incapable de s’en donner les moyens. C’est une contestation prenant le pouvoir pour exercer la terreur d’une minorité sur la majorité comme on en trouve des exemples sanglants durant la Révolution culturelle et le régime de Pol Pot au Cambodge. Les extrêmes ne vont nulle part, ils n’existent qu’en fonction d’une moyenne.

L’idée de changer les choses ne sert à rien si elle ne repose pas sur une objectivité du monde nous révélant ce qu’il y a à transformer. La France a sombré dans la vie facile et les avantages de toute espèce dont il devient chaque jour plus difficile de payer le prix. Les français vivent au-dessus de leurs moyens et ne font rien pour essayer de se hisser à leur niveau.

Les idéologies meurent parce qu’elles sont incapables de modifier le monde. Ce ne sont pas les théories qui font notre vie, c’est notre vie qui fait des théories. C’est en suivant les théories au pied de la lettre que l’on rate tout ce que l’on entreprend. On avance dans la vie non en récitant ce que l’on appris, mais en ouvrant les yeux. C’est la lucidité qui nous fait marcher parce qu’elle seule peut nous permettre de dépasser les fatalités. Un obstacle infranchissable n’existe que pour celui qui ne conçoit pas le moyen de le franchir.

Déjà percluse de corporatismes, la France sombre progressivement dans le communautarisme et la Gauche ne fait pas suffisamment pour éviter cette catastrophe. Chaque groupe, lobby, possède sa réalité et ses avantages qu’il veut préserver par tous les moyens même si d’autres doivent en subir les conséquences. La France est en train de perdre sa Nation pour rentrer dans des rivalités sans fin d’intérêts différents sinon opposés.

La France est un pays géographiquement privilégié puisque l’on y trouve tout. C’est grâce à sa richesse naturelle, son travail, ses institutions et sa créativité qu’elle est devenue une puissance mondiale. Mais on ne conserve pas un acquis si l’on n’est pas capable de le renouveler.

La France refuse d’entrer dans le XXIè siècle parce qu’elle ignore l’évolution du monde. Depuis quelques années, on voit un pays naturellement riche, doté d’une culture exceptionnelle, sombrer petit à petit dans la misère. Nous sommes entrés dans le millénaire sans savoir lutter contre cette gangrène que personne ne semble pouvoir enrayer. Un pays se prospère que dans la richesse et la bonne redistribution de cette richesse sous forme de travail pour tous et de salaires suffisamment décents pour relancer la consommation des ménages. La France s’est enfermée dans un cycle infernal. Le développement de la richesse non seulement est freiné, mais mal distribué. L’argent reste bloqué dans certaines sphères provoquant l’appauvrissement de toute une masse de la population. Cette pauvreté devient une entrave à la consommation et donc à la croissance nationale.

Le fonctionnaire n’est un handicap que lorsqu’il ne produit rien et qu’il faut le rétribuer sans contrepartie. Pourtant, il peut être un partenaire économique viable s’il est engagé dans un processus économique. Alléger le poids de l’administration et l’engager dans une activité économique rentable permet de mieux la centrer sur ses activités de service indispensables à l’essor d’une Nation comme l’enseignement et la Recherche, les deux piliers de toute civilisation.

Ce n’est pas la Gauche qui a perdu ses repères, c’est la société française. Les mots qui nous rassuraient autrefois ont éclaté en tout sens. Nous avons changé de monde, mais certains mots n’ont pas réalisé ce changement. Les discours se chevauchent, s’injurient, se contredisent, mais pour beaucoup, ils ne veulent plus rien dire. Sans doute y a-t-il un problème de génération, mais la réalité est que nos mots ont plusieurs générations de retard. Nous parlons, mais pour ne rien dire, nous comprenons, mais seulement ce que nos mots veulent dire. Derrière cet échec du mot se cache l’échec de l’autre, c’est-à-dire de la communication qui est pourtant l’artère vitale d’une société.

Chacun s’enferme dans un vocabulaire n’appartenant qu’à lui. S’instaure un dialogue de sourds entre des gens qui ne sont pas muets. La cacophonie des mots fait penser aux piaillements d’une basse-cour où chaque coq essaye de rameuter une volaille qui ne songe qu’à se gaver. C’est quand on utilise des mots dont on a perdu le sens que tous les excès deviennent possibles. Nous avons tellement perdu contrôle de nos mots que ce sont eux maintenant qui font de nous ce qu’ils veulent.

La Gauche s’appuie sur le peuple. Mais la notion de peuple est abstraite appartenant plus à une conception politique qu’à une réalité économique. Un cadre supérieur, même avec un haut salaire, travaille énormément avec une pression constante. Il s’use vite. Qui plus est sa situation sociale est ambiguë. Il est rejeté du peuple du fait de son salaire, mais il n’appartient nullement au patronat dont il reste éloigné. Il constitue une classe imprécise qui a du mal à se positionner dans la société. La classe moyenne subit une pression similaire : elle ne fait partie ni des classes supérieures, ni des classes laborieuses. Des pans entiers de notre société ont du mal à se retrouver dans la société de Gauche, non par choix politique, mais du fait de leur situation sociale jugée ambiguë de la part des extrêmes. Une grande part de l’électorat populaire vote à Droite parce qu’elle ne trouve pas d’écho à Gauche. La notion de lutte de classes, insulte à l’humanité qui s’est construite depuis les 50 dernières années de notre histoire, doit être remplacée par la conception d’une harmonie de classes.

Le travail reste l’unique moyen de développer des richesses dans un monde qui se construit tous les jours. L’humain s’est fait grâce au travail. Le chômage devrait être considéré comme un crime contre l’humanité : un être ne pouvant trouver de valorisation dans son travail et ne pouvant subvenir aux besoins de sa famille perd sa dignité en devenant un assisté. Chaque jour chômé est une perte économique considérable. Il faut combattre le chômage par tous les moyens possibles. Les idéologies nous rassurent peut-être, mais jusqu’à présent, elles sont restées incapables de résoudre nos difficultés. Un problème appelle une solution quelle qu’elle soit, même si elle dérange nos habitudes de penser.

L’enrichissement n’est pas un crime, mais le sens de l’humanité visant à l’amélioration de sa condition. Tout le monde participe à l’enrichissement car il est le résultat d’un travail d’équipe. Il est normal que les concepteurs de projet aient des salaires plus élevés que ceux qui n’en sont que les exécutants. Un enseignement de qualité et ouvert à tous est la condition pour l’enrichissement d’un pays. Ce ne sont pas les hauts salaires qu’il faut combattre, mais les très bas. C’est le seul moyen de relancer la consommation, la base vitale de toute société. C’est elle qui garantit les acquis sociaux.

La richesse permet à tous d’atteindre la dignité nécessaire pour exister. Le problème n’est pas la richesse, mais sa circulation. C’est un problème en France pour différentes raisons. La richesse participe au processus économique. Une fortune dans un bas de laine est perdue. C’est le déplacement des richesses qui favorise le développement économique grâce à la création de nombreux projets source d’emplois.

Jusqu’à preuve du contraire, le capitalisme est le seul capable de nourrir un maximum de personnes et d’accroître le niveau de vie. Cela ne signifie pas qu’il est le meilleur système, mais c’est le seul aujourd’hui capable d’offrir une base suffisamment cohérente pour nourrir une société. Fournir du travail, permettre le développement des richesses, aider chacun à s’élever de sa condition, le capitalisme seul peut réaliser cet espoir humain. Mais le capitalisme est aussi une machine capable de broyer les individualités et de créer misère, inégalités et injustices sans fin. Le capitalisme n’est valable que si on exerce sur lui un contrôle suffisant. Ce devrait être le rôle du politique. Mais les intérêts de classes font souvent que le politique n’exerce pas son rôle de censeur et laisse le capital se développer outrancièrement.

Rien ne sert de courir après un idéal qui n’existe pas. Notre travail est de résoudre des problèmes quotidiens par les moyens dont nous disposons. Les promesses électorales d’un meilleur lendemain masquent tout ce que nous pouvons concrètement réaliser pour atténuer les souffrances. La Gauche doit prendre ses responsabilités pour élaborer un capitalisme social et humain. Ce n’est pas le capitalisme qui est mauvais, c’est l’usage qu’on en fait ou n’en fait pas. Ce n’est pas en se gargarisant de mots pompeux qu’on résout le problème de la misère.

La dangerosité du capital financier vient du fait qu’il est difficile de le contrôler. Mais il est indispensable à notre économie. On peut difficilement le taxer car il a un aspect international. Les sommes colossales gagnées peuvent facilement disparaître. Aucun État n’est désormais capable d’assumer seul son destin. L’humain doit conserver la main sur le gigantesque pouvoir de l’argent. Seuls des États alliés peuvent assurer un meilleur contrôle des flots financiers.

Parce que les marchés français et européens sont saturés, la création d’emplois en France vient des PME d’où l’importance vitale de les laisser se développer avec le moins de contraintes possible. Les grands groupes doivent partir à la conquête du monde, notamment chinois, c’est une nécessité vitale pour l’économie. On confond trop souvent délocalisation avec conquête d’un nouveau marché. Au contraire de ce que l’on croit, construire une voiture ne coûte pas moins cher en Chine. C’est le gouvernement chinois qui reste le seul patron de toute entreprise dans son empire.

Comparer les revenus français avec ceux des chinois n’a aucun sens. Un ouvrier chinois gagne le salaire utile à ses besoins. Penser qu’une entreprise étrangère bénéficie des bas salaires de Chine est une erreur. Le gouvernement chinois, conscient de son énorme potentiel économique, peut se permettre d’imposer des charges sur les entreprises s’installant sur son territoire. Une entreprise étrangère paye très cher en passant par les nombreux intermédiaires administratifs. La délocalisation en Chine est un mythe. La délocalisation a plutôt lieu dans des pays d’Europe orientale où la main-d’œuvre est effectivement meilleur marché et pour des produits destinés au marché européen. Beaucoup de cadres moyens et supérieurs chinois gagnent désormais plus que leurs équivalents en France. Le capitalisme chinois est un subtil mélange d’ultralibéralisme avec un dirigisme économique planifié par les technocrates chinois.

Mais la Chine est un gouffre immense qu’un taux de croissance même de 10 % reste incapable de combler. Une population énorme pour des ressources agricoles insuffisantes dans la grande majorité du pays fait qu’aujourd’hui encore la Chine ne mange pas à sa faim. D’où des flux migratoires incessants des campagnes pauvres vers les villes offrant une apparence de richesse. L’administration est capable de gérer la richesse, mais pas la pauvreté. Des pans entiers de l’empire restent coincés dans la misère.

Sarkozy est un président. Jusqu’à présent, il n’est une menace ni pour la démocratie, ni pour les gens. On s’acharne contre lui parce que c’est le meilleur moyen actuellement pour exister. L’anti-sarkozisme excessif cache et justifie un manque de programme et de réalisme. Quand Sarkozy va partir, la France va-t-elle voir partir ses problèmes avec lui ? On placarde Sarkozy pour cacher tout ce qui ne va pas dans ce pays. C’est un moyen de reculer, de s’accrocher à des avantages qui sont un luxe au-dessus des moyens français. Par ses excès, Sarkozy a fait beaucoup de mal à la France, mais il faut une Gauche puissante pour le remplacer sous peine de déplacer les problèmes sans les résoudre.

Sarkozy, élu démocratiquement, exerce son pouvoir dans les règles de la constitution. S’il est normal et sain de critiquer des actes politiques et économiques, il est dangereux d’étendre cette critique aux institutions démocratiques du pays. Dans une démocratie, la rue ne détermine pas la politique d’une Nation, mais celle de quelques prétendants. La démocratie est le bien le plus précieux d’une Nation. Il faut refuser les insultes, les bassesses et tout ce qui peut nuire à la vie démocratique d’un pays. L’anti-sarkozisme frise l’excès et tout ce qui est excessif est dangereux. Tout ce qui est excessif se retourne un jour ou l’autre contre son auteur.

Les Français adorent mettre des noms à leurs malheurs sans comprendre et admettre la part qu’ils y jouent eux-mêmes. On peut accuser la Chine et les pays émergents de tous ses problèmes. La réalité est un pays malade qui refuse de guérir parce qu’il y a des maladies qui cachent cette forêt nous renvoyant à nos erreurs et impuissances. On cherche ses arguments dans le passé quand on s’aveugle sur les problèmes de la société. Ce sont ceux qui sont incapables de suivre une évolution qui disparaissent les premiers.

La Gauche du XXIè siècle ne doit pas tourner le dos à l’avenir.

Comments
6 Responses to “Les mythes de la Gauche”
  1. Litepanda dit :

    Je suis entièrement d’accord avec toi lorsque tu dis qu’il ne faut pas étendre les critiques sur Sarkozy aux institutions démocratiques. En fait le problème selon moi c’est que les gens confondent beaucoup trop la démocratie et la république. Parce qu’en réalité, c’est vrai qu’on peut critiquer le présidentialisme de la Ve République, notamment depuis l’arrivée de Sarkozy qui a su exploiter « au maximum » la Constitution pour pouvoir enserrer le Parlement et avoir une bonne emprise sur le pouvoir( Même si Mitterrand était là pour ça avant Sarkozy mais bref). Cela dit la démocratie n’est pas à craindre en France d’après moi, depuis 2007 des mécanismes de démocratie directe ont été ajoutés et sont garantis par la Constitution. Les gens s’insurgent contre de supposés excès de pouvoirs, contre Sarkozy comme s’ils avaient lui même crée les institutions et les inégalités qui vont avec. Si l’on veut s’en prendre à quelquechose, c’est à la Ve République elle-même. On met tout d’un coup tous les maux de la France et les dérives néfastes des institutions sur le dos de Sarkozy, je trouve que le débat et la révolte sont complètement décalés en France. Si on s’en prenait directement au système, à la base, aux piliers, alors la révolte serait légitime. Le Président n’est qu’un acteur éphémère à la tête d’un Etat bancal qui ne présente aucun signe de continuité mais qui change constamment au rythme des bouleversements politiques.
    Ensuite je réagis juste sur le terme de Nation que je ne comprends pas, j’ai pas vraiment l’impression que le concept de Nation soit valable que ce soit en France ou ailleurs. J’arrive pas à cerner ce concept du vivre ensemble, la conception de partage de valeurs communes et de ‘projet collectif, du moins je n’ai pas l’impression que cela puisse être possible.

  2. Mirisme dit :

    Par rapport au commentaire précédent, je pense que la 5iéme république ne donne pas un rôle utile au président, il n’est pas là pour arbitrer le débat démocratique. Actuellement il sert s’appuie sur le gouvernement, qui lui même s’appuie sur la majorité au parlement pour mettre en application sans qu’il n’y ait vraiment de débat vu que le pouvoir est contenu dans un seul parti, les parlementaires sont quasiment contraint par le gouvernement pour pouvoir rester dans les bonnes grâces du président ce qui leur permet de ne pas comprommettre leur carrière politique voire même d’avoir un poste de ministre.

    Ah et sinon, la croissance comme but en soi est une sorte d’aveuglement effrayant, nous vivons dans un monde fini, la croissance est exponentielle, on accélére en permanence sauf que si nous allons plus vite que notre monde, nous allons nous planter.

    Une quesiton au passage: Quel type de richesse produit la Justice?

    Pour finir, le capitalisme financier est une abberation, la finance actuelle se base sur la spéculation, la spéculation est tout sauf de la création de richesse, c’est de la spoilation de richesse.

    • cieljyoti dit :

      la croissance est un mot, rien qu’un mot dans lequel on peut mettre tout ce que l’on veut, le meilleur comme le pire. malheureusement, je n’en connais pas d’autre. dire que la croissance est horrible est aussi absurde que de dire qu’elle est miraculeuse, tu ne crois pas ? la croissance est nécessaire, ça me parait une évidence sous peine de vivre sans ordi, sans confort, etc., cela dit d’accord avec toi pour dire que la vie n’est pas seulement la croissance !! la justice ne se développe que dans les pays riches, ça me parait une évidence, tu ne crois pas ? malheureusement, le capitalisme financier produit une richesse dont nous avons besoin. les français ont peur de la finance. nous en chine, même les gens pauvres n’hésitent pas à boursicoter. c’est une image très curieuse pour un occidental de voire des smicards suivre avec passion les cours de la bourse dans les rues de Hong Kong, mais c’est une réalité ! c’est un problème, je sais, et je suis partisane de réguler les marchés financiers. ne nous battons pas sur des mots, mais sur des réalités, la justice, la lutte contre le chômage et la misère, l’amour de son prochain, etc. et donnons-nous les moyens de rester maîtres de nos vies au-delà des discours démagos de gens qui ne songent qu’à tirer la couverture sur eux, tu ne crois pas ? en tout cas, j’ai pris grand plaisir à communiquer avec toi et je t’en remercie ))))

  3. Manobia dit :

    La gauche française est devenue réactionnaire, c’est plus facile de critiquer un président caricatural que de proposer et surtout de sortir du déni de réalité…
    La gauche a été déçue par un peuple qu’elle avait idéalisé et qu’elle a refusé de voir en face (et qui est parti au FN !).
    Elle a méprisé les « petit blancs » (expression employée par Mélanchon)
    Du coup elle s’est mise à idéaliser « la diversité », qui manque de bol ne fait pas non plus ce qu’elle imaginait…Et même le Che, si beau, est devenu un criminel…
    Tout fout le camps
    Donc déni de nouveau.
    Le clivage à venir n’est plus le clivage gauche droite qui datait du 19e siècle…
    par contre je ne sais pas le nommer…
    amicalement

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