Céline teste la méchanceté

Ce qui est difficile avec la méchanceté, c’est de trouver la personne sur laquelle on peut se défouler sans trop de risques, ça ne court pas les rues. Enfin, ça court les rues, mais pas forcément celle dans laquelle on se trouve. On n’a pas le choix, on doit se rabattre sur ceux qui nous entourent. D’abord il y a notre mec, quand il y en a un, il y a les copines, ces garces qui veulent que je sois comme elles, il y a soi. Quand on ne trouve vraiment personne sur qui taper, il reste les mômes. C’est gratifiant pour celle qui veut se défouler avec toute l’ambiguïté dont une femme est capable.

Quand on est gamine, on s’essaye à la méchanceté pour voir comment ça les fait danser autour de nous. Il y a toutes sortes de danses, normal qu’il y ait toutes sortes de méchancetés. Il y a les spécialistes du mauvais goût qui ne savent pas quoi faire pour choquer, histoire de ne pas passer inaperçus dans la vie. En endossant le costume d’une caricature de fantasme, je mets le doigt sur la perversité. Se complaire de ce que l’on n’aime pas, c’est déjà un grand pas vers le conflit. Rabattre sa connerie sur les autres, c’est le début de la gratuité inutile et stupide. Normal qu’on fasse dans la méchanceté pour avoir l’air d’exister un peu. La gentillesse, on n’en voit presque jamais le résultat. La méchanceté a un effet immédiat. On s’en fout d’exister mieux, tout ce que l’on veut c’est exister en exhibant tout ce que l’on ne doit ni montrer, ni dire, c’est jouissif. Quand on révèle une beauté, tout le monde se demande d’où vient cette étrangère. Quand on est laide de méchanceté, tout le monde se reconnaît, on se sent tout de suite plus à l’aise. Peut-être emmerdante, mais au moins on sait quoi répondre, la méchanceté a réponse a tout. Et puis emmerder le monde, c’est encore l’occupation qui m’emmerde le moins.

Il y a des nanas dans la vie qui n’ont rien d’autre à faire que de jacasser, toujours les mêmes trucs qui reviennent sans arrêt sous toutes les coutures. Suis même pas sûre que ce soit une maladie, une façon de se sentir moins seule, un besoin d’aérer son voisin et de le shampouiner avec sa salive, sais pas, ce que je sais qu’elle fait sacrément chier le moulin à paroles. Elle n’a pas réponse à tout, elle a la même réponse pour tout. Quand on est avec un mec qui pose toujours la même question, ça peut se gérer, sinon c’est le meurtre assuré. Prendre toute sa vie le même chemin en ignorant les myriades d’autres, c’est vivre dans une partie infime de soi. On creuse ses habitudes jusqu’à se vautrer dans son petit confort.

C’est quand tu as perdu l’usage de ton sexe et que tu sais plus trop où t’en es que tu as commencé à causer comme une demeurée ? C’était beau la vie quand t’étais jeune et que le désir te dégoulinait de partout. Maintenant que tu as mis un bouchon, tu sais plus quand il faut t’arrêter. Mais où trouves-tu toutes ces conneries dont tu nous arroses non-stop ? T’as pas pensé à faire pute pour faire des vacances à tes hormones ?

Pétasse, t’as déjà essayé de te toucher avec autre chose que des mots ?

Si tu te fais chier toi, c’est parce que tu es moche comme un garçon. Tu as renoncé à plaire à des glands qui n’ont rien à foutre de ta tronche de cake ! Ça ramone ce genre de gentillesse attentionnée de la part d’une copine. Moi je trouve que la virilité est une qualité chez les nanas. Peut-être, mais il faudrait déjà que t’en sois une toi de nana sans avoir à te déguiser ! Ta jupe te sert à montrer tes échasses ou à t’aérer le gazon ? Parie que t’es ce genre de connasse à se raser le pubis, tout chez toi est artificiel. Sous tes apparences délurées, t’es complètement coincée dans ton vagin. T’as les ragnagnas verdâtres, ça sent la ménopause. Tiens je te croyais plus vieille !

C’est depuis qu’on t’a dit que c’est par la fente qu’entre le plaisir que tu t’arrêtes plus de causer ?

J’aime quand tu bavasses, ça me donne l’idée de ce que je ne serai pas dans 30 ans.

La solidarité féminine, c’est utile quand tu veux taper sur les autres nanas. Une meuf, c’est aussi lâche qu’un mec, à plusieurs contre une, c’est toujours mieux. C’est parce que t’as le clitoridien qui veut se faire la malle que tu l’as mis en boite ? Avec ton œil de pétasse, c’est carnaval débilité toute l’année ! Tu devrais te coller une serviette hygiénique sur la bouche pour t’empêcher de dégouliner quand tu causes ! Putain, arrêtes de nous arroser avec le sperme de ton mec ! Si tu t’emmerdes, juste avant le retour de ton mec, tu t’ouvres les veines, après tu savoures.

La méchanceté féminine, s’adresse d’abord aux autres femmes, les rivales, celles qui font tout pour nous voler notre mec, surtout quand elle n’y pense même pas. Histoire de dire, si je te pique pas ton Jules, c’est parce qu’il est moche et con ! Pour se garder un mec, il faut faire le vide de vagins autour de lui. On ne garde que ses copines les plus moches et les plus diplômées, celles qu’ont besoin de lire Freud avant d’ouvrir le bec. Après c’est facile de faire de son homme un héros, le mec si parfait qu’on peut l’inonder de tous les défauts de la terre sans avoir à s’excuser de rester avec lui.

Une femme digne de ce nom doit jardiner sa méchanceté pour lui, notre mec et celui des autres, il en a besoin si on ne veut pas qu’il finisse par se coucher à la fin de la téloche. Il faut l’entretenir son mec, il faut lui faire une révision régulière pour que ça ne rouille pas. Il faut le secouer pour être sûre que le dépôt ne tombe du mauvais côté. Avant de consommer un homme, il faut l’agiter, mais vu que c’est fragile un mec, pas trop quand même. C’est bien connu, les mecs sont responsables de tous les problèmes des nanas. C’est limpide. Plus tu t’acharnes contre un mec, mieux t’existes comme fille. Tu sais que t’as réussi quand ton mec regrette de ne pas être homo !

Trop simple d’être méchante avec un mec, il suffit de lui parler de son engin, ça le vexe d’un facile ! La fermeté de ton engin va avec la mollesse de ton amour et quand t’as ton engin tout mou, est-ce parce que tu ne m’aimes pas ? Avec un mec qui se sent l’instinct d’un protecteur, je me sens l’âme d’une prédatrice. J’aime aller chez un mec pour foutre le bordel dans sa petite vie rangée. Tiens, tu mets ça ici ? Ah ouais, et si tu le mets ailleurs, ça va faire la révolution dans ta tête ? Si j’étais toi, je le mettrais là et demain je lui trouverais une nouvelle place. Tu bouges déjà pas grand-chose dans ta tête, alors tu peux au moins essayer avec les petits objets de ta vie, non ? Plus je te regarde, plus je trouve que tu ressembles à ta bite, parfois, t’es droit comme une asperge, sinon le reste du temps t’es affalé dans ton sofa à te frotter le bide.

Quand un mec, excédé, finit par te dire, tu peux pas arrêter de faire chier ton monde toi ? Tu lui sors mine de rien, m’en fous, balance mon cul en laissant une petite traînée rouge sur ta moquette ! S’il ne sait pas quoi dire, tu lui sors, bossu comme t’es, n’ouvres pas trop la bouche, tu vas finir par avaler ta bite.

Le romantisme avec un homme, reste un grand classique de la drague. Les mecs, ils ne supportent pas le romantisme à haute dose, ça les fait chier, remarque, on les comprend. Il faut leur donner des idées aux hommes parce que c’est très limité : tu prends une connasse juteuse de la langue, tu lui fourgues ton engin dans la gorge et t’attends qu’elle s’étouffe. Un homme et une femme perdent un temps fou à la romance parce qu’ils y trouvent l’idéal que ni l’une ni l’autre ne sont. Plus facile de parler de ce que l’on n’est pas que de ce que l’on est. Un homme sympa, il ne faut jamais rater l’occasion de lui dire que chaque fois qu’il l’ouvre, c’est pour dire une connerie, une gentille connerie, tu précises, ça lui fera plaisir.

C’est fou ce qu’un homme peut supporter de nous. Mais il y a une condition, il veut comprendre ce qui se passe, il lui faut une explication, n’importe laquelle du moment qu’il se sent rassuré. Un homme a besoin d’avoir le sentiment de comprendre ce qu’il est en train de vivre. Si tu veux faire chier un mec, hyper facile, tu l’entraînes là où il ne peut rien piger. Ça le déstabilise tellement que tu l’assommes avec la première banalité venue.

Tu ne me regardes pas, tu m’humilies, tu prends un malin plaisir à m’abaisser au jeu de tes fantasmes ! S’il fait semblant de ne pas comprendre, tu ajoutes, je parie que tu as les mêmes fantasmes depuis que t’es ado ! Un homme, ça n’évolue pas, pour ça que t’as toujours raison. Tu fantasmes les nanas pour te faire bander ou pour ne pas avoir à les comprendre ?

Je ne baisse pas les yeux parce que tu m’impressionnes, mais parce que je ne veux pas te faire peur, pas encore. Si t’es timide comme ça avec les filles, c’est que tu as sûrement un truc pas clair à cacher, genre t’as dessiné une tête de mort sur mon vagin et ça t’as fait peur. T’as été élevé dans le beurre de cacahouète toi ? L’homme adore ce qui le dévirilise. La comparaison remporte toujours un franc succès. Tu sais, ton pote, eh bien tu n’arrives pas à me le faire oublier, il est pourtant foutrement nul. Tiens, garde-le cet œil-là, l’espace d’une seconde, j’ai cru voir un homme ! T’es d’accord avec moi, hein, il faut le dire vite.

Quitte à faire chier le monde, autant emmerder les jeunes que les vieux parce que c’est plus réactif. Faire chier ses mômes, c’est quand même ce qu’il y a de plus torché. Ils n’y comprennent rien et se laissent faire. Ils n’en ont jamais assez, ça a besoin d’être nourri à cet âge-là, tu leur balances toute le caca que tu peux et ils en réclament. Un gosse, après tout c’est fait pour revivre ce qu’on a mal vécu. Alors il ne faut pas hésiter à lui faire partager tout ce que l’on a gros sur la patate, mais surtout sans le montrer. Les gosses, c’est comme tout le monde, ça adore s’apitoyer sur une victime. La merde en pleine poire quand ça vient d’une nana qui en a bavée dans la vie, on en redemande.

La vraie méchanceté, c’est celle qui se fait en douceur, mine de rien. Ça traumatise un enfant et on est sûre qu’il saura reprendre le flambeau le moment venu. Ne pas être méchante pour rien, ça change. On se sent investie d’une mission qui va plus loin que notre mal-être. En partageant, on étend le mal sur plusieurs générations, la jouissance d’étaler la confiture en en mettant partout autour de soit, le truc super dégueu bien collant. Mais l’idée de poursuivre ce que j’ai vécu me rend plus mal encore. Suis-je donc assez conne pour ne pas savoir en finir avec cette connerie qu’on se trimballe sans savoir où s’en débarrasser ?

La méchanceté a sa place dans un monde de faux cul. Pour montrer qu’il ne s’agit pas d’une maladresse de notre part, il faut en resservir jusqu’à plus soif. Elle porte surtout ses fruits quand elle vient d’une douleur de l’âme. C’est aussi ce que l’on a inventé de mieux pour aller vers les gens sans avoir l’air cruche. Elle coule sans effort. Il suffit de se laisser aller. La gentillesse, pas celle qui nous sert de bonne conscience sous son flot de mièvreries et d’apitoiements, celle qui change notre existence par sa lucidité, seules les meilleures d’entre nous en sont capables.

Comments
5 Responses to “Céline teste la méchanceté”
  1. parmenide dit :

    bonsoir céline, la méchanceté est une idée pertubatrice qui se nourrit de notre égoïsme de notre jalousie et de notre hostilité, la méchanceté est un acte manqué, la gentillesse un acte réussi

  2. Tout d’abord, merci de vous être abonnée à mon flux Twitter (certainement pas par hasard puisque vous ne semblez pas faire les choses à moitié, si je vous ai bien compris!), me donnant ainsi l’occasion de découvrir, avec un peu de patience et de bonne volonté, vos écrits si uniques dans leur genre, si différents de la soupe conformiste que l’Internet tend à nous servir à outrance à force de contribuer à unifier les goûts et les modes d’expression à l’insu de notre plein gré…

    Très honnêtement, pour avoir attaqué la lecture de votre blog sous l’angle de la méchanceté puisqu’il s’agissait là de l’entrée la plus récente, j’ai tout d’abord été quelque-peu choqué par la brutalité de votre style dans le présent article, manifestement agrémenté d’une forte dose de vécu personnel, mais comme je n’ai tout de même pas tardé à y percevoir bien autre-chose qu’un vulgaire étalage de propos cinglants, à savoir votre extraordinaire aptitude à décortiquer méticuleusement des propos ou des comportements peu reluisants pour montrer de quels travers nous, les humains, pouvons être capables sans même vouloir en prendre conscience, c’est finalement avec grand intérêt et une admiration croissante que j’ai lu le reste de votre prose, notamment vos articles sur les SDF et la honte; et je ne peux que conseiller à quiconque ne vous suivrait encore qu’épisodiquement d’en faire de même parce que vos raisonnements valent bien ce détour!!!

    Bref: j’admire particulièrement votre sens de la « provocation positive » (par opposition délibérée à l’acception contemporaine, à connotation ô combien négative, du terme de « provocation », souvent synonyme d’insulte gratuite dans une société où tout le monde est prié de bien vouloir faire semblant de préserver une façade de gentillesse et de bons sentiments pour ne surtout pas réaliser l’avènement de la dictature positiviste), et je savoure d’autant plus goulument les ingrédients de votre style qu’à en juger de votre propension à user abondamment de la terminologie culinaire, nous partageons apparemment, tous deux, une passion immodérée pour les bons repas, bien que vos séjours à Hong-Kong vous aient visiblement permis d’acquérir une expérience infiniment plus solide que la mienne quant à la préparation de sauces particulièrement pimentées…!

    Au plaisir, donc, de trouver encore longtemps, au gré de vos réflexions et de vos coups de griffes, une copieuse nourriture spirituelle et littéraire, pendant que la médiocrité continue à dégouliner de partout sur tant d’autres sites!!!

    • cieljyoti dit :

      Christian, vous me laissez sans voix. J’avais beaucoup hésité à publier ce petit article sur la méchanceté parce que je craignais qu’il soit pris au premier degré, comme un déballage de vulgarités. Vous me montrez que j’ai eu raison et je vous en remercie infiniment. Que puis-je ajouter de plus à votre commentaire si pertinent. quand j’écris, je ne joue pas la moraliste, je montre les choses, parfois jusqu’à l’excès pour essayer de montrer que les mots que nous utilisons ne sont jamais anodins. j’ai utilisé un style particulièrement violent le jour des femmes violentées qui m’a valu plusieurs unfollow dans twitter sans doute parce que j’ai dérangé certaines bonnes consciences qui s’apitoient sur le sort de ces femmes sans en combattre l’horreur. je n’ai pas osé malgré tout en faire un article sur le blog de peur de trop rebuter d’éventuels lecteurs. votre réaction m’incite malgré tout à le faire. cette violence et cette haine me révoltent encore plus quand on en trouve l’expression feutrée chez certains. j’ai choisi d’appeler les choses par leur nom et d’en montrer les conséquences. juste ce dernier mot pour dire que je n’ai pas fait de séjours à HK, mais que j’y suis née (d’un père français et d’une mère chinoise). je n’habite en france que depuis 4 ans et j’y retourne à la fin de mes études, à savoir en juillet. la cuisine fait partie de la culture de tout chinois ! je vous remercie encore pour votre soutien qui me va droit au cœur, Christian.

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